- désir
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• fin XIIe; de désirer1 ♦ Tendance vers un objet connu ou imaginé; prise de conscience de cette tendance. ⇒ appétence, appétit, aspiration, attirance, attrait, besoin, convoitise, envie, faim, goût, inclination, intention, passion, penchant, soif, souhait, tendance, tentation, visée, vœu. « Ses désirs étaient toujours si impérieux qu'il ne doutait jamais de leur exécution » (Martin du Gard). Agir selon ses désirs. — Désir fugitif, momentané. ⇒ caprice, curiosité, fantaisie. Désir ardent, exaspéré, fou, passionné. Exprimer, formuler un désir. ⇒ souhait, vœu. Vos désirs sont pour nous des ordres. On cherche à satisfaire tous ses désirs, ses moindres désirs. « La possession d'une chose en donne des idées plus justes que le désir » (Rivarol). — Prendre ses désirs pour des réalités.♢ Absolt La force qui pousse à désirer. « Même l'intelligence ne fonctionne pleinement que sous l'impulsion du désir » (Claudel ).♢ DÉSIR DE (qqch.). Un désir de changement. — Suivi de l'inf. Le désir de réussir, de commander : l'ambition. Désir de savoir : curiosité. Il brûle du désir de vous plaire. Des têtes « qu'animait un vif désir de déplaire » (Gautier). Le désir de bien faire. ⇒ volonté, 2. vouloir. « Ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur » (Proust). Le désir d'être père, mère.2 ♦ Spécialt Tendance consciente et suscitée par qqn aux plaisirs sexuels; ses manifestations physiques. L'imagination « prend soin d'irriter les désirs, en prêtant à leurs objets encore plus d'attraits que ne leur en donna la nature » (Rousseau). ⇒ concupiscence, libido. — Le désir. Éprouver du désir pour qqn. ⇒ désirer. Un cri de désir. Éveiller, provoquer le désir. ⇒ ardeur, 1. feu, flamme, passion. « Le cœur est l'organe du désir [...] tel qu'il est retenu, enchanté, dans le champ de l'Imaginaire » (Barthes). Il n'y a plus de désir entre eux. « Le miracle de l'amour humain, c'est que, sur un instinct très simple, le désir, il construit les édifices de sentiments les plus complexes et les plus délicats » (Maurois).3 ♦ Littér. L'objet du désir. « Tous vos désirs, Esther, vous seront accordés » (Racine).⊗ CONTR. Dédain, indifférence, mépris, peur, répulsion.Synonymes :- appétit- besoin- envie- goût- soif- souhaitContraires :- appréhension- peurObjet du désir ; vœuSynonymes :- espoir- objectif- souhaitÉlan physique conscient qui pousse quelqu'un à l'acte ou au...Synonymes :- passion- sensualitédésirn. m.d1./d "Tendance qui a pris conscience d'elle-même" (Spinoza); tendance particulière à vouloir obtenir qqch pour satisfaire un besoin, une envie. Formuler un désir. Modérer ses désirs.|| Désir de (+ inf.). Le désir de plaire.|| Désir de (+ subst.). Le désir d'enfant.d2./d Attirance sexuelle. Brûler de désir.⇒DÉSIR, subst. masc.Action de désirer; aspiration profonde de l'homme vers un objet qui réponde à une attente.I.— AbsolumentA.— [Le subst. est au sing., avec l'art. le] Mouvement instinctif qui traduit chez l'homme la prise de conscience d'un manque, d'une frustration. Le désir aveugle; l'appel, l'exaltation du désir. Le désir n'est point la volonté; mais seulement une passion de la volonté (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 431) :• 1. La pauvreté garde à ceux qu'elle aime le seul bien véritable qu'il y ait au monde, le don qui fait la beauté des êtres et des choses... le Désir.A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 341.— En partic., PSYCHOL. ,,Tendance spontanée et consciente vers une fin avec représentation de cette fin`` (MARCH. 1970) :• 2. Le désir n'est pas virtualité pure. Nous le percevons encore comme sentiment qu'il a déjà mis sa griffe sur tout l'organisme, mobilisé de tous côtés les premiers gestes de sa réalisation, qui tiennent le corps et le psychisme en état d'alerte.MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 424.B.— 1. [Le subst. est au sing. avec l'art. un, ou au plur.] Aspiration instinctive de l'être à combler le sentiment d'un manque, d'une incomplétude. Un désir confus, fugitif, profond. Je suis sans désirs, (...) et supérieure comme quelqu'un qui a mangé plus que son saoûl (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 109). Un désir haineux qu'il comptait bien assouvir un jour (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 187).SYNT. Un désir constant, continuel, incessant, intense, irraisonné, sournois, vague; accéder, acquiescer à un désir; contenter, contrecarrer, exaucer, exprimer, formuler, réprimer, satisfaire un désir; au gré de ses désirs, selon ses désirs.2. [La pers. qui désire est exprimée] Le désir de qqn; mon, ton... désir. Après avoir résisté opiniâtrement au désir de sa mère, il s'était décidé tout d'un coup (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 169). Faire la Table des désirs idiots de l'homme (VALÉRY, Suite, 1934, p. 66).— Fam., vieilli. À ton (votre) désir. Comme tu (vous) le désires(ez). « Moi, j'f'rai à ton désir. Je n'veux pas t'faire tort » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Retour, 1884, p. 169).Rem. Désir se substitue parfois par discrétion aux mots ordre, volonté, dans des cont. où ces termes auraient un caractère trop accusé (cf. vos désirs sont des ordres).— Rare. [Le désir concerne plus partic. un attribut de la pers.] La tonique en cette occasion satisfait tous les désirs de l'oreille (MATHIS-LUSSY, Rythme mus., 1911, p. 50).— En partic. Subst. + de désir.♦ Homme, femme de désir(s). Qui désire. Homme de désir, ne laisse donc plus ébranler ta confiance par les injustices de tes semblables (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 41). Moi, fils par l'esprit des hommes de désirs, je n'engendrerai qu'un froid critique ou un bibliothécaire (BARRÈS, Homme libre, 1889, p. 192). Avec elle [Jeanine], vous n'aurez que la femme de désir et de mort, dont la robe, derrière elle, sème le deuil (ZOLA, Ouragan, 1901, III, 4, p. 483).♦ Baptême de désir. Qui est désiré.II.— [Accompagné d'un compl. désignant l'obj. désiré] Tendance consciente de l'être vers un objet ou un acte déterminé qui comble une aspiration profonde (bonne ou mauvaise) de l'âme, du cœur ou de l'esprit.A.— [L'obj. désiré est une chose]1. [L'objet est une chose concr.] Convoitise d'un bien matériel qui satisfasse l'instinct de possession, un appétit. Le désir du gain, de l'or, des richesses.2. [L'objet est une chose abstr.] Désir d'éternité, désir des honneurs. Un désir de perfection absolue qui se traduit par (...) l'amour de l'ordre (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 143) :• 3. ... il [Nerval] obéit, par juvénile désir de gloire, à l'envie de se faire une originalité, qui n'ait plus besoin des modèles classiques...DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, p. 30.a) [Le compl. est un nom d'action] Portraits, paysages, (...) natures-mortes, nudités ont tout à tour sollicité son ardent désir de création [de Manet] (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1904, p. 57) :• 4. ... Joseph reçut la visite d'un journaliste (...). Comme son désir d'évasion était vif, Joseph Pasquier allait se dérober, mais il pensa qu'il ne fallait jamais refuser de la publicité gratuite.DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 179.b) [Le compl. est un inf.] Le désir de plaire; avoir, caresser, exciter, inspirer le désir de faire qqc. Un désir ardent de manger lui mouillait la bouche de salive (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 107). Le désir éperdu de durer et de posséder (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 323).— [Le compl. est un vœu à caractère solennel] Votre mère a, paraît-il, exprimé souvent à ses compagnons le désir d'être enterrée religieusement (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1127).c) [Le compl. est une prop. complétive] J'ai ce désir qu'à l'heure ardente de ce mois Le bois frais et touffu se serre autour de moi (NOAILLES, Cœur innombr., 1901, p. 81).— En partic.♦ Fam. Avoir désir de + inf./que + subj. On amène el'viau autant dire à la cuillère?... et juste au moument qu'on a désir qu'i soy'e vêlé? (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, III, 1, p. 1216). Les copains (...) avaient désir de retrouver leur libre solitude (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 199).♦ Rare. [L'expression de la pers. qui éprouve le désir est en concurrence avec celle de l'obj. du désir] Le désir des parents de voir leurs enfants. Je le ferai prévenir [le comte de Restaud] du désir que vous avez de le voir (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 424). Juste milieu, je t'ai toujours mal reniflé, Malgré tout mon désir de vivre mieux réglé (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 411).B.— [L'obj. du désir est une pers.] Instinct physique qui pousse l'homme au plaisir sexuel, aux satisfactions des ardeurs de l'amour; convoitise qui pousse à la possession charnelle. Désir amoureux, charnel, coupable, inassouvi :• 5. Crains plutôt ce désir d'amour où je me pâme malgré mon âme. Sais-tu si nos baisers satisferaient cette agitation? Veuille ne pas jouer ainsi de mon repos; prends garde que ton haleine n'éveille mon cœur que nous ignorons.BARRÈS, Sous l'œil des Barbares, 1888, p. 97.— Emploi abs. Brûler de désir; être ravagé par le désir; assouvir son, ses désirs; le feu, la frénésie, le tourment du désir; péché de désir. À ce souvenir seul, loin de toi, sur ma couche, Je me tords dans l'angoisse infame du désir (VERLAINE, Prem. vers, 1858-66, p. 19). Le désir transforme l'être qui nous approche en un monstre qui ne lui ressemble pas (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 196) :• 6. Sans doute, il [Flaubert] avait ses coups de désir; c'était un gaillard solide dans sa jeunesse et qui tirait des bordées de matelot.ZOLA, Les Romanciers naturalistes, 1881, p. 151.♦ Rare. [En parlant d'un animal] Cerf qui de désir brame (MORÉAS, Cantilènes, 1884, p. 103).C.— P. méton. Objet du désir. C'est (tel est) mon seul désir. Je touchais du doigt un de mes désirs les plus ardemment caressés (GAUTIER, Tra los Montes, 1843, p. 145). C'était le temps où être du monde faisait mon seul orgueil et où rester du monde était mon seul désir (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 143).PARAD. (Quasi-)synon. contextuels. Aspiration, attrait, besoin, caprice, convoitise, concupiscence, envie, espérance, espoir, inclination, penchant, volonté.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. dep. 1694. La forme anc. desir, avec [
], en dernier lieu ds DG. Homon. le rad. nu de désirer. Étymol. et Hist. Ca 1170 « aspiration à, souhait » (B. DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 10249). Déverbal de désirer. Fréq. abs. littér. :14 829. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 18 483, b) 14 281; XXe s. : a) 25 275, b) 24 441. Bbg. COHEN 1946, p. 50.
désir [deziʀ] n. m.ÉTYM. Fin XIIe; déverbal de désirer.❖1 Prise de conscience d'une tendance particulière qui porte à vouloir obtenir un objet connu ou imaginé. ⇒ Ambition, appétence, appétit (cit. 2), aspiration (cit. 5), attente, attirance, attrait, besoin, but, convoitise (cit. 6), démangeaison, dessein, envie, espérance, espoir, exigence, faim, force, goût, impatience (→ Attente, cit. 20), inclination, intention, intérêt, passion, penchant, prétention, rêve, soif, souhait, tendance, tentation, velléité, visée, vœu; volonté. || Désir réfléchi, raisonnable, conscient, intelligent. ⇒ Volonté. || Avoir le ferme désir. ⇒ Vouloir.1 Vouloir désigne un mouvement libre de la personnalité, auquel on se détermine d'une manière réfléchie; désirer indique un entraînement fatal et passionné qu'on subit. On dit de la volonté qu'elle est plus ou moins éclairée; du désir qu'il est plus ou moins violent.Lafaye, Dict. des synonymes, Vouloir,… désirer.♦ Désir fugitif, inconstant, momentané. ⇒ Caprice, curiosité, fantaisie. || Désir apaisé (cit. 30), ardent (→ Auprès, cit. 12), aveugle, avide, avivé, bas, brûlant, criminel, cuisant (→ Cuisson, cit. 2), cupide, déréglé, dominant, exaspéré, exclusif, extrême, ferme, fiévreux, fou, immodéré, impatient, impérieux, inassouvi, insatiable, insatisfait, instinctif, intense, irraisonné, naturel, passionné, physique, pressant, refoulé, satisfait, trouble, véhément, vif, violent. || Des yeux brillants de désir (→ Azuré, cit. 3). || L'ardeur, la force, l'impétuosité, l'intensité, la violence d'un désir. || Éprouver un désir irrésistible. ⇒ Séduction. || Être dévoré, éperdu, miné de désirs. || Ivre, bouillant de désirs. || Être affamé, rempli, assailli (cit. 7) de désirs. || Un cri de désir (→ Accorder, cit. 33). || Crier (cit. 2) de désir. || Brûler du désir de partir (cf. Griller d'impatience). || Exprimer, former, formuler, manifester, montrer un désir. ⇒ Appel, demande, souhait, vœu; plaire (plaise à Dieu). ☑ Prendre ses désirs pour la réalité : s'imaginer que la réalité est conforme à ce qu'on souhaite. ☑ Il y a loin du désir à la réalité (→ Il y a loin de la coupe aux lèvres). || Allumer (cit. 9), attiser (cit. 4), aviver, cingler, exciter, faire naître (→ Choc, cit. 16), fouetter, inspirer un désir. ⇒ Affriander, affrioler, allécher, attirer, tenter; → Faire venir l'eau à la bouche; mettre en goût. || Contenter, apaiser (cit. 7), réaliser, remplir, satisfaire, assouvir (→ Assouvissement, cit. 4) les désirs de qqn. || Borner, contenir (cit. 10), éteindre, limiter, modérer, refréner ses désirs. || Résister à ses désirs. || Acquiescer (cit. 1), céder, correspondre, répondre aux désirs de qqn. || Prévenir, exaucer, combler les désirs de qqn. || Le désir naît, se déclenche, croît (cit. 10), grandit, monte, s'exaspère, s'éteint, s'attiédit (cit. 11). || Le désir de l'argent, du gain, des richesses. ⇒ Cupidité (cit. 1). || Le désir du confort. || Le désir de la gloire, des honneurs, de l'immortalité. ⇒ Ambition; vanité. || Un désir de paix, de retraite, de silence (→ Cloître, cit. 3). || N'avoir aucun désir (⇒ Désintérêt, détachement). || Être sans désir. ⇒ Indifférent (→ Apaisement, cit. 2 et 5).2 Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle,Et le désir s'accroît quand l'effet se recule (…)Corneille, Polyeucte, I, 1.3 Il est certain que la possession d'une chose en donne des idées plus justes que le désir (…) L'homme a plus d'ardeur pour acquérir que pour conserver.Rivarol, Fragments et Pensées philosophiques, Des animaux.4 Ayez soin qu'il manque toujours dans votre maison quelque chose dont la privation ne vous soit pas trop pénible, et dont le désir vous soit agréable. Il faut se maintenir en tel état qu'on ne puisse être jamais ni rassasié ni insatiable.Joseph Joubert, Pensées, VIII, XXVII.5 N'avons-nous pas tous, plus ou moins, pris nos désirs pour des réalités ?Balzac, la Peau de chagrin, t. IX, p. 85.6 Le pauvre sans désirs possède le plus grand des trésors; il se possède lui-même. Le riche qui convoite n'est qu'un esclave misérable.France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 285.7 (…) Chaque désir m'a plus enrichi que la possession toujours fausse de l'objet même de mon désir.Gide, les Nourritures terrestres, I, I, p. 21.8 Même l'intelligence ne fonctionne pleinement que sous l'impulsion du désir.Claudel, Positions et Propositions, p. 97.9 Ses désirs étaient toujours si impérieux qu'il ne doutait jamais de leur exécution; et, en fait, il avait jusqu'à présent mené à bout tout ce qu'il avait ainsi voulu avec opiniâtreté.Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 206.9.1 Qu'est le désir ? Les psychologues et psychanalystes et autres qui posent cette question (qui posent ainsi la question) manquent de connaissances philosophiques. Le désir n'est pas. Les philosophes le savent depuis longtemps. Il « veut ». Que veut-il ? Dans la mesure où ce terme qui désigne de « l'être » a un sens, le désir se veut. Et veut sa fin : sa disparition dans un éclair de jouissance.Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 222.♦ Désir de…, suivi de l'inf. || Le désir de vivre, de mourir. || Désir de briller, de plaire. ⇒ Coquetterie (cit. 8). || Le désir de réussir, de commander… ⇒ Ambition. || Désir de paraître (cit. 29). || Désir de posséder. ⇒ Convoitise (→ Convoiter, cit. 6), cupidité (cit. 1), envie. || Désir de savoir. ⇒ Curiosité (cit. 2). || Désir de croire (→ Croyance, cit. 4). || Désir de jouir (⇒ Sensualité). || Le désir de voyager. || Le désir de bien faire. ⇒ Volonté (bonne volonté).10 Quand l'infinitif précédé de de est complément d'objet d'un nom, le sens peut être général, ainsi : le désir de paraître pousse à toutes sortes de sottises. Au contraire, si le désir est attribué à une personne en particulier, l'idée exprimée par l'infinitif se rapporte également à cette personne : son désir de paraître lui a fait faire des dépenses excessives. De sorte que pour attribuer l'action exprimée par l'infinitif à un sujet différent de la personne qui exprime le désir, on a recours à une périphrase faite avec le verbe voir : le désir de voir réussir son fils. Cf. la crainte de la voir se compromettre. On arrive ainsi à l'équivalent de véritables propositions compléments d'objet qu'on peut d'ailleurs employer : le désir que son fils réussît, la crainte qu'elle se compromît.F. Brunot, la Pensée et la Langue, VIII, II, p. 230.11 Voici l'homme qui meurt du désir de vous voir.Molière, les Femmes savantes, III, 3.12 Voilà qu'au bout de mes dépêches je suis saisi du désir de me vanter (…)Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 136.13 Je ressentis devant elle ce désir de vivre qui renaît en nous chaque fois que nous prenons de nouveau conscience de la beauté et du bonheur.Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs.♦ Psychan. « Dans la conception dynamique freudienne, un des pôles du conflit défensif : le désir inconscient tend à s'accomplir en rétablissant, selon les lois du processus primaire, les signes liés aux premières expériences de satisfaction » (Laplanche et Pontalis).2 Tendance consciente aux plaisirs charnels. — (Qualifié). || Le désir charnel. || Un, des désirs, les désirs charnels (→ Chair, cit. 45 et 58), sensuels, sexuels, voluptueux (→ Convoitise, cit. 6). || Le désir physique (→ Aiguillonner, cit. 3). || Excitant des désirs vénériens. ⇒ Aphrodisiaque. || Exagération des désirs sexuels. ⇒ Aphrodisie, nymphomanie, satyriasis; érotomanie. — (Non qualifié). || Le désir; un, des désirs. ⇒ Amour (infra cit. 15), appétit (3.), concupiscence, instinct (sexuel), libido; aiguillon (de la chair). || Languir de désir. || Le désir de qqn, qu'il ou elle éprouve. || La fièvre, l'ardeur (cit. 33), la fougue, la rage, la violence de son désir. || Le coup de fouet du désir. || Jouer la comédie (cit. 14) du désir. || La bassesse (cit. 18) du désir. || Désir insatisfait; assouvi. || Absence de désir. ⇒ Anaphrodisie, et aussi frigidité (3., par ext.). — Les désirs amoureux. ⇒ Ardeur (→ infra cit. 10), feu, flamme, passion. || Poursuivre une femme de ses désirs.14 Que vous connaissez mal les violents désirsD'un amour qui vers vous porte tous mes soupirs !Racine, Alexandre, III, 6.15 Le pouvoir immédiat des sens est faible et borné : c'est par l'entremise de l'imagination qu'ils font leurs plus grands ravages; c'est elle qui prend soin d'irriter les désirs, en prêtant à leurs objets encore plus d'attraits que ne leur en donna la nature (…)Rousseau, Lettre à d'Alembert.16 Elle chantait : la nuit s'emplissait d'harmonies;Les grands lions errants rugissaient de plaisir;Les hommes accouraient sous le fouet du désir,Tels que des meurtriers devant les Érinnyes (…)Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Ekhidna ».16.1 L'aimait-il ? Certes, il la désirait à peine, n'ayant pas réfléchi à la possibilité d'une possession. Jusqu'ici, dès qu'une femme lui avait plu, le désir l'avait aussitôt envahi, lui faisant tendre les mains vers elle, comme pour cueillir un fruit, sans que sa pensée intime eût été jamais profondément troublée par son absence ou par sa présence.Maupassant, Fort comme la mort, p. 31.17 (…) l'ondée fiévreuse du désir courait dans mes veines, et il me fallait détourner mes yeux qui lui auraient fait peur.Paul Bourget, le Disciple, IV, IV, p. 221.18 (…) chacune recèle quelque chose qui n'est pas dans une autre et qui empêchera que nous puissions contenter avec ses pareilles le désir qu'elle a fait naître en nous (…)Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 138.19 Qu'est-ce que le désir, la volupté, les histoires de possession physique, à côté de ça, à côté de ces tendres et vertigineux abîmes ? (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, p. 222.20 Le miracle de l'amour humain, c'est que, sur un instinct très simple, le désir, il construit les édifices de sentiments les plus complexes et les plus délicats.A. Maurois, Un art de vivre, I, p. 49.21 Gilieth se leva. Le désir de cette femme commençait à l'obséder.P. Mac Orlan, la Bandera, XI, p. 129.3 Désir conforme à la volonté de Dieu. — Les désirs de l'âme. || Un saint désir. || Le désir du Ciel. ⇒ Espérance.22 Les saints désirs de la mort le pressent tellement, qu'il en a précipité tous les sacrements.Mme de Sévigné, Lettres, 1089, 17 nov. 1688.23 Il est recommandé aux chrétiens de désirer le Ciel, et ce désir, comme tout autre, doit intéresser non pas la raison seulement, mais l'être tout entier qui est de l'âme avec un corps.Claudel, Positions et Propositions, p. 172.4 Objet du désir. || Quel est votre désir ? || L'épouser est son seul désir. || Mon désir est de partir sur l'heure.24 Léon seul est ma joie, il est mon seul désir.Corneille, Pulchérie, III, 2.25 Tous vos désirs, Esther, vous seront accordés (…)Racine, Esther, III, 4.❖CONTR. Apathie, appréhension, aversion (cit. 5), crainte, dédain, dégoût (cit. 9), effroi, frayeur, inappétence, indifférence, inquiétude, mépris, peur, regret, répugnance, répulsion, satiété.
Encyclopédie Universelle. 2012.